
Artisanat et transition écologique
L'artisan en première ligne de la transition écologique : maillon essentiel pour la redynamisation des territoires et l'amélioration de l'autonomie alimentaire, il joue un rôle important dans la création d'une économie de proximité durable.
L’artisanat en première ligne de la transition écologique
Sommaire
La réponse dominante au changement climatique est actuellement de s’y s’adapter et « de relancer une logique de l’innovation et du progrès qui permettrait de résoudre les impasses et ambivalences de la société industrielle ancienne… C’est ce qu’on disait déjà dans les années 70, dans les années 1930 et 1890 ; que le système capitaliste va devenir plus innovant pour résoudre les contradictions et les problèmes. À chaque fois ce nouveau système technique qui s’est installé a crée de nouveaux problèmes écologiques… c’est le cas du numérique par exemple » (Francois Jarrige, historien des sociétés industrielles; intervention à France Inter le 9 novembre 2022, invité de l’émission La Terre au Carré).
Garder notre modèle actuel est illusoire. Il faut diminuer notre consommation matérielle, transformer nos manières de vivre et de nous organiser.
Penser notre développement (et notre organisation socio-politique) à une échelle locale, dans un territoire défini par son biotope, sa topographie, et surtout sa capacité à fournir ce dont nous avons besoin pour vivre tout en préservant l’environnement, la biodiversité, et sans épuiser les ressources naturelles, n’est ce pas là une solution ?
Chaque ville en France pourrait fortement augmenter son approvisionnement en produits locaux (fruits, légumes, blé panifiable, bois pour les meubles, lin ou chanvre pour les vêtements et le bâti…) dans un rayon de 30 ou 60 ou 100 km autour de chez elle. Avec les techniques agro-écologiques (bien différentes d’un label de type HVE par exemple), cela permettrait d’améliorer la qualité de l’eau, de l’air (pas d’utilisation de pesticides), la biodiversité, tout en diminuant la consommation d’énergie fossile (moins d’intrants chimiques, moins d’engrais importés, moins besoin de machines gourmandes en énergie) et en fournissant des produits de grande qualité nutritive.
L’enjeu n’est d’ailleurs pas uniquement écologique. Produire ET transformer « local » sécurise l’approvisionnement : 98% du contenu des aliments consommés localement sont actuellement importés (Autonomie alimentaire des villes - État des lieux et enjeux pour la filière agro-alimentaire française - Cabinet UTOPIES - 2017)
La transformation locale compte autant que la production
Le blé est transformé en farine par le meunier et en pain par le boulanger avant d’être consommé.
L’arbre est découpé en planches en scierie avant de passer chez l’ébéniste et de devenir un meuble.
Le chanvre, duquel on extrait de l’huile et des fibres, devient des paillettes ou briques ou est intégré en isolant dans une cloison par l’artisan du bâti, etc…
Pourquoi cette matière première devrait elle être transportée ailleurs, transformée dans un cadre industriel pour revenir sur le territoire, au risque d’engendrer à nouveau des problèmes écologiques et de bien-être.
L’artisan : maillon essentiel de la transition écologique territoriale
L’artisan a la capacité d’entretenir des relations avec le producteur de matière première de son territoire, de la choisir, de la transformer avec des techniques qui respectent et valorisent les aménités environnementales initiales :
- Un meuble d’ébéniste ne s’use pas. Il se répare, se transforme et en fin de vie il retourne au pire à la terre sans laisser de trace.
- Idem pour le bâti constitué de chanvre, de paille, de terre, de bois.
- Le boulanger qui produit du pain bio au levain naturel utilise tout le potentiel des variétés de blés qui ont poussés sans pesticide, et il fournit un pain aux qualités nutritionnelles inégalables.
- Le transformateur artisanal de légumes récupère les invendus des maraichers, évitant le gaspillage, tout en permettant au producteur de mieux vivre de son métier et au consommateur de bénéficier de conserves de qualité…
Besoin d’artisans qui s’engagent dans la transition écologique
Parfois, c'est l’artisan existant qui transforme ses pratiques : il pose du chanvre et réalise des murs en paille à la place du parpaing et du placo. Mais aujourd’hui un quart des créations ou reprises d’entreprises artisanales est fait par des cadres seniors ou de jeunes diplômés du supérieur. Ce pourcentage est bien plus important pour les métiers de « l’artisanat de la transition écologique », mais à ce jour, difficile de trouver des statistiques sur ce sujet. Cela correspond à une aspiration à mettre en cohérence valeurs personnelles et travail.
Ce qui caractérise ces nouveaux entrants : leur motivation à se lancer. Cela constitue un puissant moteur, pour ne pas plier devant les difficultés, et pour apprendre le métier !
Le directeur de Lokal Eko, M. Arnaud Trollé interviendra sur ce thème ce jeudi 17 novembre dans le cadre de la la 1e édition de FAIRESPECTIVES, le festival qui met en lumière les métiers d’art et du patrimoine engagés dans la transition écologique. Il participera à la conférence plénière d’ouverture intitulée « L’artisanat et la modernité réinventée: l’artisan en première ligne de la transition écologique »